jeudi 27 septembre 2018

Ma 2e série de caftans : pour de l'historique, de l'ottoman, du tribal "ghawazee, et du 1001 nuits !

Je vous ai montré mes débuts dans les costumes orientaux ottomans, autant dans mes recherches poussées (au travers de mon super article), que dans mon tout premier costume, à travers ma turquerie roccoco (présentée lors de l'article précédent).
Très enthousiaste par le résultat de ce dernier, dans ma lancée, j'ai poursuivi quelques semaines après, en réalisant d'autres caftans, en utilisant cette fois mes merveilleux tissus traditionnels tunisiens, pour réaliser des créations plus "personnelles", sans partir d'un tableau, mais toujours dans une démarche pour approcher le visuel historique. Le résultat de cette série de caftans allait me permettre de m'offrir, sans que je n'en ai conscience au moment de la réalisation, une formidable palette de combinaisons

Soirée "La nuit des Rois" au Carnaval de Venise 2016 - Crédit Photo : Alain Trinckvel


jeudi 12 juillet 2018

Turquerie du 18e siècle, basée sur le "Portrait de Mademoiselle Guimard" (Greuze)

Non mais je vous jure ! Pile au moment où j'allais enfin poster sur mon blog, mon PC m'a lâchée, et cela a pris 1 mois au SAV pour me le remettre en état...
Maintenant que je l'ai tout fraîchement récupéré, sans avoir perdu tout son contenu (ouf !), je peux commencer à rattraper mon retard (plusieurs années à rattraper : j'ai du pain sur la planche)

On commence par le post qui était censé suivre mon long article-dossier sur le costume ottoman au 18e siècle :)

Costume oriental basé sur le tableau de Jean-Baptiste Greuze et son "Portrait de Mademoiselle Guimard" (1790)
Turquerie du 18e siècle - Oriental Roccoco
Portrait de Mlle Guimard par Greuze

vendredi 11 mai 2018

El Djinniya est de retour !

Près de 6 longues années sans poster ici ... Après tant de silence, mon blog est de retour, pour des mises à jour beaucoup plus régulières !

Un défaut de motivation, beaucoup moins de challenge costume, l'exploration d'autres voies, et l'approfondissement de réflexion sur des piliers pourtant déjà solides : le chemin pour retrouver le temps, la foi, et la détermination à revenir ici n'aura pas été sans embûche.
Car depuis, tant de choses ont changé dans ma vie : j'ai quitté mon poste d'ingénieur en développement informatique et ma vie de petite parisienne, pour me mettre à vivre de mes créations de costumes, mais également de mon travail musical, sous le soleil de la région toulousaine, auprès de mon super pirate.

Et depuis quelques mois, après cette errance, je reprends le contrôle de mon processus de création artistique et artisanal là où je l'avais arrêté, mais avec beaucoup plus de maturité : je vais donc continuer via ce blog à analyser et expliquer mes démarches créatives, et transmettre pour capitaliser tout mon travail, afin que le fruit de mon labeur puisse servir à d'autres.
Mais pas seulement ! Je reviens ici aussi pour vous présenter mes créations et promouvoir mes travaux ... car j'ai sérieusement repris en main mes objectifs premiers, les affutant plus sérieusement pour, dès 2019, commencer enfin la vente en ligne de mes créations, sur quelques domaines où je me suis spécialisée.

J'espère que vous prendrez plaisir à me lire, et à découvrir mes travaux : n'hésitez pas à me suivre et à commenter, je serai ravie de pouvoir vous répondre.

En attendant le 1er vrai article "post-come-back", et pour commencer à illustrer mon retour, je vous laisse une mini preview de ma dernière réalisation, un travail, une technique et des idées étoffées depuis une dizaine d'années : un serre-taille très pirate, ultra personnalisé, et supra original ;) Je l'ai imaginé et conçu tel un tatouage.


Le corset pirate El Djinniya : entre vaudou, berbère, et superstitions pirates !

Une preview avant les étapes finales : entre temps, j'ai fini et porté cet underbust il y a deux semaines, à Echos et Merveilles, lors du concert des Barbar'O'Rhum : il n'a pas laissé les gens indifférents, j'espère qu'il continuera à faire chavirer les regards, lorsque mon prototype définitif sera en place et disponible à la vente ;)




Un article plus complet avec les étapes et les explications sur l'histoire que raconte ce corset est donc en préparation : Stay tuned !






vendredi 17 août 2012

Le costume Ottoman Féminin au 18e siècle (composition et dérivés)

Petit avant propos

J'ai commencé la reconstitution historique dans le but de faire de l'oriental, et même si j'ai commencé par du médiéval, je reconnais volontiers que mon but ultime depuis mes débuts, sont les costumes de la période ottomane (avec certaines zones en focus : Tunisie, Turquie (Constantinople), mais également par extension, Egypte, Algérie, et Balkans), particulièrement 18e et 19e siècles, même si j'aime également beaucoup les 16 et 17e, toujours pour ces modes orientales. C'était en 2005 ... Il était temps que je m'y mette enfin de manière sérieuse !
Je mets de côté donc certains siècles antiques, ainsi que les 10 à 12e siècles que j'ai déjà très longuement étudié et exploité lors de mes précédentes années, pour enfin m'attaquer à des siècles bien supérieurs, et un peu plus documentés :)

Ainsi, je prends enfin le taureau par les cornes, et après beaucoup de recherches d'analyses, et une bonne raison de pouvoir porter ce genre de costumes sur des événements européens sans me faire jeter, et assumer à 100% mon envie et mon travail de recherche, je me lance enfin !
J'ai commencé a plancher TRÈS sérieusement sur le sujet dès la fin du bal de la duchesse de Galliera, en décembre, car frustrée de ne plus pouvoir coudre à partir de cette date et pour quelques mois (merci à mon gros déménagement/ré-emménagement), j'ai au moins compensé par des lectures et recherches approfondies pour préparer mon costume pour Vaux le Vicomte assez tôt. Ceci est donc le résultat de plusieurs mois de recherches intensives (mais commencées plus "relax" il y a quelques années), autant via livres/musées, qu'en surfant sur le net.

Mon premier costume ( d'une longue série !) sera donc un costume façon "Constantinople fin 18e", basé sur un tableau français 1790 ( une turquerie, en vogue à l'époque : j'en ai déjà parlé ici ) mais que j'ai adapté pour lui donner un vrai visuel ottoman d'époque (beaucoup de fantaisies absolument pas historiques sont présentes dans ce tableau)

Ce post-ci n'aura pour but que de vous présenter rapidement et de manière visuelle les différentes couches des vêtements/sous-vêtements que les femmes de Constantinople portaient à cette époque.
D'avance, je m'excuse pour la véritable orthographe : je ne suis pas turque :p Quand je posterai sur les costumes maghrébins, ça sera déjà un ptit peu plus facile pour moi car je pratique la langue arabe ^^


Remarque importante : n'hésitez pas a "pointer" de la souris les images pour lire mes commentaires personnels rattachés au sujet, et à cliquer dessus pour la voir en grand et voir s'afficher le nom du site d'où je l'ai empruntée !

LE COSTUME OTTOMAN FÉMININ AU 18e SIÈCLE


Le costume Ottoman est constitué de vêtements aux découpes ultra simples (basées uniquement sur des rectangles et des triangles) mais c'est la richesse des étoffes, motifs, broderies et qualité/tombé du tissu, ainsi que la superposition des couches qui rend le visuel de ces costumes si majestueux !
Il évolue vraiment peu au cours des siècles, comparé aux costumes occidentaux, cependant, il y a quelques différences bien notables qui permettent de contraster d'une époque à l'autre.
Dernière remarque : je vous présente là le costume d'intérieur (quand les femmes sortaient, elles étaient couvertes d'un manteau supplémentaire qui camoufle tout, appelé feraçe, ainsi que d'une coiffe et de voilettes masquant leur tète et leur visage : je n'en parlerai pas dans cet article car ça n'est pas un élément que je compte exploiter pour le moment)  

I. Les vêtements du dessous


Pantalon : le sarwal / sirval
Le seul patron trouvé est celui d'un pantalon mi-fin 19e, cependant, grâce aux médias d’époque, des 17e et 18e siècle, on visualise bien l’évolution et les particularités de cette pièce de costume :
peu bouffant et peu valorisé visuellement avant le 18e, il s'est métamorphosé pour devenir de plus en plus bouffant et de plus en plus mis en avant par la suite (évolution en partie due aux types de tissus devenus très en vogue et répandus).
Ce dont je suis sure, c'est que déjà, à l'époque qui m’intéresse, et pour tout le 18e, ce sont bien deux tubes moyennement larges, avec un gousset assez bas pour l'entrejambe, mais surtout,  c’était des "tubes" bien tombant sur les chevilles
L'énigme : "avait-il déjà la longueur hallucinante que l'on retrouve au 19e ? c'est-à-dire long d'une fois et demi la longueur des jambes, puis, sur une 30/40 aine de centimètres, replié et "serré" par un cordon au niveau du dessous des genoux ? ce qui lui donnait un si bel effet bouffant ?"
La question est là .... Ça semblait être le cas à la fin du 18e siècle, mais pour le début et le milieu de ce siècle, je reste un peu plus sceptique. Tout ce dont je suis sure, c'est que les sarwals a plus de 2 metres de tissu par jambe, soit les sarwals très bouffants, c'est spécifique au 19e siecle.

Généralement, il est réalisé dans de belles étoffes, adaptées pour un tomber élégant du pantalon.

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Le patron proposé dans mon livre (là, c'est basé sur un modèle de sarwal 19e mais "peu bouffant" : tant que pas d'autres sarwals retrouvés, on ne peut se baser que sur celui-ci, conforme au volume des sarwals du 18e !) montre cette partie "retroussée" sous le genou (je me suis un peu cassée la tete au début pour comprendre ! j'ai buggé sur la longueur des jambes ...)
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Les sarwals 19e sembleraient, selon l'auteur du livre, être aussi fourni soit autant, soit plus encore, il devait y avoir les deux types.

Un petit détail qui mérite d'être mentionné : je ne l'ai vu uniquement que dans les images de Levni (début 18e) mais on peut voir la fin du cordon du sarwal qui pend magnifiquement décoré (broderies ?)
Je pense que c'était un détail peu représenté dans les illustrations d'époque, camouflé à une époque un peu plus avancé du 18e, à partir du moment où on s'est mis a rentrer et cacher le bas de la chemise dans le sarwal.

www.turkishculture.org-Dancer by Levni42




Chemise : Gomlek
C'est une chemise ample, fine presque transparente, véritable linge de corps, aux propriétés identiques à celles que l'on retrouve également chez les européens, et de tous temps dans plusieurs zones d'orient, mais exploitée visuellement totalement différent : elle est vraiment visible et même mise en évidence jusqu'au début/mi-18e.
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Par la suite, elle est retroussée dans le sarwal (peu d'infos sur sa nouvelle longueur du coup, mais on en voit toujours les manches et le haut / décolleté.
Impossible de dire avec précision quand : je sais que dans les années 1720 (époque Levni), elles apparaissaient constamment, et a la fin du 18e, il m'arrive exceptionnellement de trouver une image où on la devine "non retroussée" (mais c flou) dans le sarwal.
Jean-Étienne_Liotard_-_Turkish_Woman_with_a_Tambourine_-_WGA13067 dar anahita-al-qurtubiyya-very late 18th style-maybe french artists-Slave-Cariye

Généralement faite de lin, peut être de coton, et à priori de soie également (cf les lettres de Lady  de Montagu) assez transparents, c'est un vêtement fermé, mais muni d'une fente qui part du cou pour aller jusqu'à la poitrine et peut être /sûrement un peu plus bas ; la fente se ferme par un petit bouton (précieux ?) au niveau du cou.
Les rares ornements qu'on peut apercevoir, ce sont les bandes de décoration posées (cordons tressés ? galons de soie ? bandes coupées dans des textiles ? rubans de soie comme les clavi des chemises maghrébines ?? ) sur les lignes de couture (sortes de "clavi" sur les devant et dos, et également au niveau des manches), et sur les finitions (ourlets) : ça n'est pas systématique pour autant, et ça semble surtout être caractéristique des siècles précédents (j'ai peu de photos le montrant pour la fin du 18e, et ça semble avoir en partie disparu au 19e selon les zones du vêtement, j'en parlerai quand je parlerai du costume ottoman 19e un jour peut-être :) )
Sinon, on peut parfois deviner que les tissus transparents employés sont tissés "rayés" au 18e, tendance nettement confirmée sur les costumes égyptiens du 19e encore sous influence ottomane, et également au 19e au Maghreb.


www.turkishculture.org-A woman adorning herself with roses and carnations www.turkishculture.org-Dancer by Levni 42
www.altarmodeling.com-detail-levni_kadin_figuru13www.levnihotel.net-03_acem_cengi_levni www.levnihotel.net-levni_kadin_figuru12


J'ai trouvé une image de Levni, peintre qui systématiquement, met la transparence dans la chemise, SAUF là, sur cette illustration représentant une femme qui à première vue semblerait d'un milieu peut-être plus modeste que ce qu'il a l'habitude de représenter : on note que non seulement la chemise est opaque, mais en plus, présente des motifs ! L'exception qui confirme la règle peut-être :)

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Comme pour beaucoup d'autres siècles et de civilisations, cette chemise est un linge de corps, dont aucune du 18e ou des siècles précédents ne semble avoir survécu au 20e siècle :(Quelques unes ont été retrouvées pour le 19e mais il semblerait que les modèle diffère beaucoup entre ces deux époques.
Les patrons trouvés en général se basent sur des suppositions du coup, étant donné qu'on voit très mal juste en se basant sur les médias (car trop peu de morceaux de la chemise dépassent pour pouvoir en juger la forme exacte) il n'y pas de vrai patron de chemise officiel.

Voici le patron basé sur une chemise 19e avancé proposé par l'auteur de mon livre, lorsqu'elle parle de la chemise aux 17e et 18e siècles :
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Ayant BEAUCOUP de scepticisme envers le patron proposé par Jennifer dans son livre (elle se base vraiment sur une chemise 19e, qui, même si dans les lignes de construction, peut correspondre a une image possible de chemise, peut poser souci vis a vis du modèle que j'ai choisi (représentation visuelle sur les images d’époque + confort = pas totalement adapté a son patron ...)
Je pense qu'il y avait, comme dans plusieurs autres pays (ou comme en Turquie au 19e siècle d'ailleurs !), des petites variantes dans le patronage des chemises.


J'ai du coup fait quelques recherches pour esquisser un patron qui correspondrait à ce qu'on voit dépasser sur les médias (niveau construction), et qui se rapprocherait en même temps du modèle 19e, tout en étant crédible pour du 18e, en fouinant dans les costumes traditionnels des pays ayant été "ottomanisés" (il faut savoir que ce type de construction remonte au moyen âge, avec quelques divergences dans les mesures/amplitudes de tissu selon les pays et époques, mais est resté TRÈS constants dans l'ensemble) :



La 1ere de ces trois chemises est le modèle pour lequel j'ai opté, pour respecter au mieux tissu et visuel des chemises ottomanes du 18e. Les deux modèles qui suivent sont pour conforter que ce modèle de chemise se retrouve encore dans plusieurs autres zones proches des frontières ottomanes (et j'ai quelques autres exemples en stock pour appuyer mais je me contenterai de ces trois images là).


Voici le schéma global du patron de ma chemise finale :

 


Mais j'insiste : là, ce sont mes propres spéculations basées sur bribes de sources réelles : personne, à priori, n'aura de réponse exacte sur ce sujet !
Je pense qu'il faut surtout respecter les bases qui semblent être utilisés depuis le moyen-âge si ce n'est l'antiquité (grand(s) pan(s) rectangulaire(s) avant et dos, descendant au moins juste au dessous des genoux voire jusqu'aux chevilles pour le début du 18e, trapèzes pliés en deux (ou cousues ?) sur chaque coté, manches partant du grand rectangle et assemblées aux trapèzes) et ce qui est visible au 18e : col rond et longue fente descendant un peu sous la poitrine.


Bon, j'ai beaucoup râlé et perdu de temps à la recherche du patron idéalement historico-possible....Heureusement, grâce aux médias d'époque, il nous reste au moins une trace de leur motifs et décorations, de la forme de l'encolure, des manches, et de l'amplitude de tissu aux genoux/pieds, qui nous permettent d'analyser et spéculer pour trouver la coupe la plus plausible  :)


Le calecon : 
Très peu d'informations sur le sujet malheureusement : il est supposé apparaître vers le 17e, lorsque petit à petit, les femmes délaissent le sarwal en cotonnade "confortable" pour des sarwals dans des étoffes plus belles, plus lourdes, donc moins agréables pour les parties les plus sollicitées du corps (frottements).
Le seul modèle trouvé et analysé date cependant du 19e siècle.
Je me suis peu penchée sur le sujet, j'avais trop à faire sur le reste des éléments !
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II. Les vêtements du dessus


Avec les trois pièces précédents, j'ai à priori fait le tour des vêtements "du dessous" et vêtements "non ouverts devant" : les autres pièces de vêtement qui suivent sont toutes des pièces dites "ouvertes devant", sortes de gilets, et/ou manteaux pourvu d'une ouverture centrale devant traversant de haut en bas la longueur du vêtement : bien qu'ayant un peu évolué aux cours des siècles, il reste identique dans les grandes lignes de construction, au modèle venu des tribus des steppes des siècles et des siècles avant l'ère chrétienne, qui l'ont répandu lors de leurs vagues d'invasions/diffusion, adoptés par les populations locales à leur contact. Pour rappel, avant leur venue, il était extremement rare de trouver dans toute l'Europe et l'Afrique, ainsi qu'une partie de l'Asie occidentale, des vêtements ouverts devant : malgré quelques rares exceptions, c'est bien aux tribus asiatiques migrantes que l'on doit l'abandon peu à peu de la tunique dit "vêtement fermée devant", totalement adapté à leur mode de vie et à leurs conditions climatiques dans les steppes d'Asie, et trouvées pratiques puis adoptées par plusieurs des populations envahies.
Je vais éviter le hors sujet ici, mais ça a été le coeur de mes recherches pendant plusieurs années au cours de ma période "recherches et reconstitutions historique orientale médiévale et antique", où je ne me limitais pas qu'aux recherches et techniques en costumes/couture.


Entari
Le "coeur" du costume ottoman féminin : il s'agit là du gilet long très ajusté à la poitrine, que l'on voit si souvent à cette période, et que les femmes portaient en plusieurs exemplaires différents, compilés couche sur couche.
Il peut prendre plusieurs formes possibles, plusieurs tailles possibles, et plusieurs combinaisons existantes...
Je vous présente les grandes lignes caractéristiques sur les différentes parties constituant cette pièce de vêtement:

- La construction globale : un GRAND rectangle, la largeur est celle du demi-buste (par contre, je n'ai pas trouvé d'indication sur le degré d'ajustement : il semblait TRÈS ajusté au niveau de la poitrine, au vu de tous les médias sur lesquels je me suis basée, et la mise en valeur du décolletage! mais j'aurai aimé en savoir plus sur ce sujet), et d'une longueur pouvant aller aux genoux, aux pieds, entre les deux... J'ai même vu des miniatures avec un modèle arrivant au niveau des grandes hanches, et que la chercheuse "spécialiste" du sujet dénommait "entari" (alors que j'aurai eu tendance a dire que c'était un yelek avec mon "petit" bagage de connaissances). En revanche, les entaris qui traînent de plusieurs dizaines de centimètres sur le sol sont très caractéristiques du 19e, même si on en voit parfois dans quelques médias de la toute fin 18e : ça reste de surcroît un privilège des femmes de haut rang ou haute classe sociale apparemment.
Pourquoi ai-je insisté sur GRAND rectangle ? car il n'y a pas de coutures d'épaules, et ça, c'est indéniable : le rectangle constitue la partie de devant ET la partie dos du costume, sans couture : ça donne une ligne particulière justement au costume, et c'est un détail important à respecter, bien qu'ennuyeux car de nos jours, si l'on souhaite reconstituer un costume de ce genre, il en résulte une perte de tissu étant donné les normes modernes de largeur de tissu qui ne correspondent plus du tout aux normes de l'époque (on les achète en général en 135 a 150cm de largeur, alors qu'a l'époque ils faisaient plutôt 100 de largeur ...). Ça pose également souci sur les tissus ayant un "sens" haut/bas (notamment les velours ...).
Il m'est arrivé de trouver un ou deux exemplaires d'entari de la fin 19e avec un couture reliant le dos au devant, mais c'est un exemple isolé et tardif.

Patron d'entari 1720
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Attention, un bémol pour ce modèle : il n'a pas de goussets sous les bras MAIS il s'agit du patron récupéré d'un caftan pour petite fille !! Qui n'a donc pas de poitrine, et donc pas besoin de gousset ... Ce qui n'est pas le cas des femmes classiques (sinon, très fort risque de déchirure du tissu !)


Les triangles d'aisance : entre le devant et le dos, on retrouve sur chaque côté deux triangles perpendiculaires, qui partent de la taille, et permettent de donner de l'amplitude au costume.
Sur les costumes de musées que j'ai vus, j'en ai toujours observé deux par coté.
C'est ce qui donne cette ligne si caractéristique du 18e (et également 19e)  avec des formes "naturelles" (les siècles précédents, les formes des hanches étaient "forcées" par des courbes étranges et peu naturelles).
Très souvent également, mais pas forcement systématiquement, on observe également un triangle sur chaque demi devant, toujours en partant de la taille, posé sur la ligne d'ouverture de l'entari : ça donne un autre style (surtout quand ça n'est pas un "parfait triangle", avec son système d'accroche particulier).
amedestissus.com-ottoman woman silk dress - turkey - handwoven - silk&metalthread&cotton lining - size 144-137cm-mi20e

Parfois, il m'est arrivé de voir ces triangles de devant débuter carrément en haut du décolleté !

dar anahita-al-qurtubiyya-end of 18th-Lady_with_Fan

Et parfois, les "triangles" du devant ne sont pas totalement triangulaires, mais plutôt trapézoïdaux :
dar anahita-al-qurtubiyya-18th-french school french or french-trained ottoman painters-Rafael-Orchard

Pour finir, les fentes, placées entre les deux triangles des "côtés" de l'entari : semblant totalement inexistantes au 17e, elles font une timide apparition au début du 18e (d'abord très courtes, de quelques centimètres en bas du gilet), avant de marquer la fin du 18e par des lignes montant jusqu'aux hanches, voire a la taille : normalement, les fentes qui montent haut, donnant à l'entari le nouveau nom de uçetek ("3 pans ou 3 jupes" en turc), c'est totalement spécifique au 19e ! Cependant, j'en ai observé sur quelques costumes 18e de musée (dont un de 1720 ! mais là les fentes s'arrêtent aux hanches), et également sur quelques médias de la fin 18e.

www.turkishculture.org-Female figure by Abdullah Buharikukrheinmain.wordpress.com-Mädchen-Entari (Kleid)-osmanisch, Ende 18. Jh. Anfang 19. Jh.,Seide bestickt, Topkapi Saray Müzesi Istanbul-01_presse01grIMG_20120817_083800

- Les manches : peuvent être très courtes, courtes, mi-longues (juste au dessus-du coude), longues, ou encore extra longues ; elles peuvent être fermées, ou fendues quand elles sont longues (cette fente des manches apparaît au début du 18e, et perdure au 19e siècle).
Toutes les photos de costumes d'époque que j'ai trouvé sont des costumes a manches "rapportés", c'est à dire coupés a part par rapport au reste du vêtement, et ensuite cousues. Par contre, et c'est plus qu'une certitude :  les manches sont de simples formes rectangulaires (pas de fronces ! une couture simple) complétées par un gousset sous le bras pour permettre une amplitude aux mouvements de bras.
Il y a eu quelques rares exceptions de manches "froncées" pour être posées sur le gilet, il s'agit de costumes du 19e siècle, qui coïncident avec l'epoque où on commencait a "européaniser" doucement les costumes (fin 19e) en Turquie, et ca reste des cas très isolés comparés a la quantité d'entaris que j'ai dans mon catalogue d'exposition !
J'ai peu d'informations sur le gousset : le seul patron analytique trouvé pour un costume adulte date du 19e :/
Difficile de savoir donc si oui ou non au 18e déjà, ils utilisaient la technique du 19e (la manche n'est pas posée de manière "centrée" par rapport a l'épaule, et après expérimentation, je crois avoir compris une des finalités de cette démarche : ça permet a la manche fendue de tomber "correctement", sinon, la fente est mal placée sur le bras : ça laisse supposer qu'au 18e, ils pouvaient déjà l'exploiter pour les mêmes raisons, mais je n'ai aucun moyen de le vérifier ou défirmer ...)

Patron d'entari 19e : notez que les manches ne sont pas montées symétriquement, c'est pour que la fente de la mi-manche soit bien placée et tombe bien en son milieu, d'où la raison pour laquelle je pense qu'ils utilisaient déjà cette technique là au 18e (comparaison faite avec le visuel rendu des images d'epoque)
Certaines n'hésitent pas à superposer les longueurs de manches, même les manches longues fendues, comme sur ces deux documents suivants :

titam.tumblr.com - Portrait de madame James Fremeaux, née Margaret Cooke, Smyrne, par Jean-Etienne Liotard (1702-1789)dar anahita-al-qurtubiyya-1730s-1750s -swiss artist Jean-Étienne Liotard-drawn with pastels-someor most of modeles french noblewomen with some of his items-greek women playing mancala-

Ou plus simplement de compiler les longueurs de manches, et en non fendues :
dar anahita-al-qurtubiyya-very late 18th style-maybe french artists-Muslim_Winter_Outfittheborgias.forumotion.com-022rt_10

Lorsque les manches, longues et fendues, "dérangent" dans leurs activités (notamment pour jouer de la musique), les femmes semblaient les bloquer au niveau des poignets, par je ne sais quelle technique : peut-être que quand les manches "ballantes" n'étaient pas trop larges, et qu'elles étaient munies de boutons (passementerie), elles pouvaient les bloquer ?
www.levnihotel.net-levni_152Jean-Étienne_Liotard_-_Turkish_Woman_with_a_Tambourine_-_WGA13067

- L'encolure : peut être normale "droite" avec un col "rond", ou en "V", peut également aller en s'échancrant, pouvant atteindre une belle profondeur, allant même jusqu'à encadrer le bas et les côtés externes de la poitrine, donnant cette forme si particulière et séduisante, mais caractéristique uniquement des 18 et 19e siècles.
On peut également parfois trouver un col "rapporté" encadrant les 3/4 du cou.
Pour cette partie là, je n'ai malheureusement aucune indication analytique pour déterminer la technique de courbure/échancrure du décolleté : d'un média à l'autre, ça n'a vraiment strictement rien à voir :( :(

Quelques exemples d'encolure "en V", simple, portés très ouverts (non boutonnés) dans des gilets très ajustés sur la poitrine, avec en plus un col rapporté (un peu comme un col "Mao", qui encadre la nuque) : 
christies.com-Portrait of Lady Ann Somerset, Countess of Northampton, blue hat with a red feather-attributed_to_jean-etienne_liotard_portrait_of_lady_ann_somerset_countwww.altarmodeling.com-Girl with carnations and a rose-Topkapı Palace Museum, Istanbul-levni_kadin_figuru9


Une encolure très échancrée, découvrant une partie de la poitrine, et qui laisse le haut du cou libre pour la 1ere image, et emprisonnée (gilet rose) pour la 2e :

liotard011bjws.blogspot.com-Jean-Etienne Liotard's Turkish Portrait de Monsieur Levett et Mademoiselle Glavani Assis Sur un Divan en Costume Turc,


-La doublure semble être TRÈS souvent présente, même s'il m'arrive de voir des images où il n'y en a pas. Mais lorsqu'elle est présente, elle est souvent totalement contrastante avec le tissu de devant, qu'elle soit unie ou à motifs ! Je regrette terriblement que dans mes catalogues d'exposition, on ait aucune vue de l'intérieur ><

www.turkishculture.org-A woman adorning herself with roses and carnations
Je suis juste sure d'une chose : qu'il y a une doublure ou non, les finitions du bord internes sont faites avec un ruban plus ou moins large d'une source à l'autre.

twcenter.net-tulip era-1718-1730-Calendario_dicembre_n.1


Concernant les matériaux utilisés pour doubler, c'est le grand vague, j'ai trouvé peu d'informations ... Ça semble être du coton, ou de la soie, sur les sources musées/chercheurs que j'ai, mais j'ignore dans quelles proportions, et quels types de tissage/armure de tissu pouvaient être exploités en tant que tissu "caché".

- Bande contrastante : Sur les médias, on voit souvent l'envers des longs entaris car les femmes avaient pour habitude sur plusieurs siècles, de remonter et rabattre les bouts dans leur ceinture, dévoilant les sous-couches de leur costume : on voit souvent du coup une bande de couleur contrastante faire la bordure intérieure, l'équivalent du biais je suppose ? 

www.turkishairlines.com-10_79SC_13-266D

Quelques exemples de "remontage" des bouts dans la ceinture :
Valide Sultantitam.tumblr.com - Portrait de la Signora Marigot, Smyrne, mai 1738 par Jean-Etienne Liotard (1702-1789)

-Ornementation : Jusqu'au 17e siècle inclus, la mode (en partie due aux goûts des sultans, l'exemple le plus connu étant la "Tulip era", mais également due à la mode de fabrication textile du moment) était aux laaaaarges motifs imposants, sur des tissus souvent ""lourds"", épais et imposants, type brocards! Mais avec les évolutions textiles et les influences extérieurs, le 18e change de visage, pour basculer vers des tissus plus fluides, des motifs moins chargés, plus petits surtout (même si je trouve encore des médias avec quelques larges motifs), qui tronquent complètement avec le visuel des siècles précédents (par opposition à l'évolution des coupes des costumes qui restent très similaires "globalement" entre 17e et 18e si on ferme les yeux sur les détails des manches et des hanches).

Côté textiles, motifs, et également broderies, il semble y avoir une forte affluence française, au point qu'ils en parlent dans mon catalogue d'exposition : l'import de tissus français pour des costumes "de riches ottomanes" semble être en vogue à cette époque .

Un costume ottoman du 18e mais aux broderies déclarées françaises, selon le musée où il est exposé :

art9to5.blogspot.com - Entari, 18th century-photo 2

Néanmoins globalement, la tendance va plutôt comme déjà dit aux petits motifs répétés, ou aux broderies "passementées". Je n'ai que très rarement vu de costumes "uni" vide : il y a toujours au minimum de la broderie sur tout le contour, ou des bandes de galons/passementeries posées sur toutes les coutures.

Un des exemples de tissus a motifs "plutôt grands" : il y en avait, mais ça n'était clairement plus le style répandu :
theborgias.forumotion.com-Bulhari-seatedJean-Étienne_Liotard_-_Turkish_Woman_with_a_Tambourine_-_WGA13067


On trouve parfois des motifs plus "géométriques" :
wikipedia-A late 18th century Turkish woman.-A_Kadin_in_INdoor_Costumetheborgias.forumotion.com-1793-Istanbul_Lady

Un tissu "uni" mais chargé de broderies :
missnancytransplanted.blogspot.com-expo costume ottomans-late 18th centuryDSCN2176_2  

Un exemple de costume ou les coutures sont cachées par des décorations :
dar anahita-al-qurtubiyya-very late 18th style-Young_Sultane-Senior

Quelques exemples d'entaris en tissus "unis" chargés de broderies et en passementerie sur les coutures, annulant le vide de l'uniformité du tissu !
alaintruong.com-Jean-Étienne Liotard (Geneva 1702-1789) . Presumed portrait of Laura Tarsi in Turkish dress-35178654english.habsburger.net-Jean-Étienne Liotard Maria Theresa and her daughter in Turkish costume, 1745dar anahita-al-qurtubiyya-1730s-1750s -swiss artist Jean-Étienne Liotard-drawn with pastels-someor most of modeles french noblewomen with some of his items-greek women playing mancala-


Le plus fréquent reste cependant les tissus a petits motifs (floraux?) très répétés.
historycooperative.org- An upper-class lady of Aleppo, relaxing with her pipe as she awaits a cup of coffee mid-18th century-Alexander&Richard Russell, The Natural History of Aleppo 1794

Détail d'une broderie ottomane 18e :

magic.qirim.org-Detail - Cover Fragment, Turkey, Istanbul, Early 18th CenturyFeafrstpic

Les tissus à rayures sont très utilisées également, pour mon plus grand bonheur d'ailleurs :D
On trouve toutes sortes de motifs rayés : des simples rayures bicolores alternées régulièrement, aux multicolores en passant par les "rayures a lignes de motifs" ou les rayures façon "robes françaises du 18e" ... c'est très varié, et ça ouvre pas mal de possibilités !
La seule contrainte que j'ai noté : je n'ai jamais vu de costumé rayé avec des rayures verticales sur les manches : je n'ai toujours trouvé que des rayures horizontales sur cette partie du vêtement.

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amedestissus.com-ottoman woman silk dress - turkey - handwoven - silk&metalthread&cotton lining - size 144-137cm-mi20e

Voici le seul exemple trouvé où les rayures sont exploitées horizontalement sur le reste du costume :

Valide Sultan
Les tonalités et mélanges des couleurs semblent en revanche être en contradiction avec les critères européens (superposition de couleurs "vives" qui ne se marient pas forcement ensemble, rappel possible de couleurs mais semblant être peu fréquent d'un élément du costume à l'autre ).

dar anahita-al-qurtubiyya-end of 18th-greek women from constantinople dancing in the lowest panel

- La technique de fermetures aux brandebourgs simples (je ne trouve pas le mot) est beaucoup moins flagrante et visible, alors qu'elle était omniprésente jusqu'au 17e siècle.
HT009945www.christies.com-a standing beauty - 1710-1720-a_standing_beauty_after_levni_ottoman_turkey_circa_1710-20_d5422159hdar anahita-al-qurtubiyya-very late 18th style-Haseki_Sultane

Pour le peu que j'ai vu (mais difficile de dire avec précisions) les systèmes de fermeture de cette ère semblent être, quand ils sont visibles, des boutons précieux (perles ? ) mais plus communément, des "glands" de passementerie.

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Les poches : une petite particularité rarement observée ! Mais il arrive de tomber sur des illustrations où l'ont voit une petite fente sur le côté ( spécificité anecdotique sur mes images du 18e, mais plus répandue sur les costumes 19e de mon catalogue d'exposition : il y est mentionné qu'au 19e, elle servait a y ranger sa montre a gousset (faut que je vérifie, trou de mémoire !) -> mais a quoi servait-elle au 18e ?)
PHOTO A SCANNER ET AJOUTER ICI

Dessins récapitulatif de costumes traditionnels "entaris" :
Je finis cette section avec quelques dessins de costumes traditionnels égyptiens (pays ayant été TRÈS influencé par les modes ottomanes) qui montrent bien le découpage et résume un peu les diverses possibilités (triangles devant ou non, montant jusqu'au cou, col rapporté, manches fendues ou fermées, les deux types de goussets, les longueurs de fentes, deux types de décolletés ....) : ces costumes, aux découpes, motifs et spécificités très "18e ottoman"sont apparemment encore portés en tant que costumes traditionnels en Egypte pour certaines occasions.

Le meilleur pour la fin de cette rubrique, pour vous récompenser d'avoir été jusqu'au bout et d'être arrivé jusqu'à ce paragraphe de l'article : voici des extraits de mon superbe catalogue d'exposition, tous des pièces 18e sauf le tout dernier qui semble être fin 18e/début 19e siècle (si vous souhaitez lire les descriptifs associés et quelques zooms, allez regarder ma petite galerie ):

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Yelek
Point trouble que je dois re-vérifier (et que je n'ai pas exploité sur mon costume), ce vêtement est un gilet court qui ne descendait pas plus bas que les hanches, et semblerait avoir des manches longues, courtes, ou souvent pas de manches du tout, jusqu'au 19e (à partir du 19e, il semble se raccourcir nettement pour donner l'impression d'un boléro).
Que ce soit 18e ou 19e, il se porte de façon TRÈS ajusté, à l'image de l'entari.

Türk Kadını-II


Il est généralement porté sous les entari, mais on en trouve également sur les médias, porté au-dessus, ou tout seul.
42 www.turkishculture.org-Dancer by Levni

J'ai trouvé un exemple de yelek court (petites hanches ?) sur une peinture de la fin du 18e, mais les gilets ne descendant pas plus bas que la taille sont plutôt spécifique du 19e (tendance au raccourcissement, allant même au-dessus de la taille !)
Jean-Étienne_Liotard_007


J'avoue que n'ayant pas eu à réaliser cette pièce de costume pour mon tout premier projet, je ne me suis pas trop penchée sur la question, je la garde sous la main pour mon projet de costume 19e en revanche :D
Niveau construction, il est similaire au patron des entaris, je me demande quand même si les triangles sur le côté bas étaient rapportés ou englobés ? :/


Kirk : Manteau doublé de fourrure

Par dessus la multitude de entaris (et /ou yeleks) superposés les uns par dessus les autres, on peut ajouter une énième couche, à priori plutôt faite pour l'hiver. 
Il est doublé en fourrure (hermine le plus souvent sur les images, mais pas seulement), celle-ci étant rabattue comme "bordure décoratrice" à l'avant du manteau et sur les manches.
Peu d'infos sur la construction de cette pièce de vêtement, a mon humble avis, il est construit pareillement aux entaris, mais sans col, sans fentes, et généralement avec des manches plutôt courtes.


theborgias.forumotion.com-Buhari-winterdar anahita-al-qurtubiyya-1720 & 1745 - Abdullah Buhari-seated woman with servant-Buhari-Haseki_Sultan

La sultane reine, en activité, toujours représentée avec ce manteau d'hermine (illustrations de Van Mour, mais j'ignore si la mise en couleur est bien de lui ? )
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Liotard aussi semblait attaché à ce type de manteau :
titam.tumblr.com - Dame de Constantinople chaussée de socques de bain, à l’entrée d’un hammam, vers 1738-1742, par Jean-Etienne Liotard (1702-1789)titam.tumblr.com - Dame de Constantinople assise sur un divan, vers 1738-172, par Jean-Etienne Liotard (1702-1789)

Enfin, Lady de Montagu, source "ecrite" du 18e siecle concernant le costume ottoman vu par les occidentaux, peinte ici par Van Mour et portant une variation de ce manteau :


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Jupes de danseuses "çengi"

J'alimente cette rubrique avec un type de vêtement porté uniquement par un type précis de danseuses, appelées "tchinguis" ou encore "çengi", ce sont des danseuses turques (spécialisées dans cette "profession" je suppose ? je suis pas sûre qu'il s'agisse de danseuses "rom" turques mais c'est envisageable ....).
Leur attirail ressemble à ce que je vous ai montré, à un détail près : elles portent une sorte de jupe longue sous leur Yelek, un peu comme sur l'image des danseurs de Levni, et on ne voit pas d'entari.
Sur presque toutes les rares images que j'ai trouvé, ces jupes ont pou point commun la présence de rayures horizontales en bas de la jupe.
greatestbattles.iblogger.org-Tchinguis, ou danseuse turqueÇengi-IIÇengi1



Ici la jupe, la tenue et l'attitude sont les mêmes, elle semble être une danseuse, mais dans la source d'où je l'ai prise, elle est appelée "Sarayli" : serait-ce une courtisane avec un statut plus "élelvé" malgré la similitude de tenue ? Je n'en ai pas la moindre idée ....
Saraylı

III. Accessoires


La ceinture peut être constituée soit de deux magnifiques boucles (métal simple gravé de motifs plus ou moins complexes, ou incrusté de pierreries précieuses ou semi-précieuses) rattachées au milieu par un crochet visible ou non, et raccordée sur le reste de la taille par d'autres plaques de métal, ou tout simplement par une jolie (et riche quand elles le pouvaient!) bande de tissu. Ces modèles se retrouvent également dans les modes balkaniques, et à priori également russes (j'ai trouvé quelques ceintures russes très similaires !)

titam.tumblr.com - Portrait de la Signora Marigot, Smyrne, mai 1738 par Jean-Etienne Liotard (1702-1789)www.historum.com-18th Century portrait of a woman in Turkish clothing by Jean-Étienne Liotard-user10189_pic2032_1310391806


N'ayant pas trouvé de photo certifiant des boucles 18e (musées, catalogue d'exposition) je vais me contenter de mettre des exemples de boucles plus tardives, MAIS très proches du visuel renvoyé par les gravures et peintures d’époque. J'insiste juste sur le fait qu'il ne s'agit pas (ou possible mais pas prouvé) de boucles 18e, ce sont malheureusement les seuls exemples "réels" trouvés s'en rapprochant et correspondant totalement aux courtes descriptions d'époques que j'ai vues et lues :

www.dorotheum.com-Two Oriental belt buckles-silver gilt some filigree work-set with red and green faceted glass stones-somelost-diameter 14 cm-Weight- 581 gw-o hallmark- 19th Cent.Luxebay.com-vendeur drbarsky-TURKISH BELT SILVER NIELLO HAND MADE-710 mm LONG-BUCKLE 46 mm WIDE-LINKS 32 mmWIDE-336 gr-SILVER CONTENT800 or 840-344711325_o
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Lorsqu'il n' y a pas de ceinture à boucle de métal, un simple foulard (rectangulaire ?) long et large est noué autour des hanches.

theborgias.forumotion.com-b91710dar anahita-al-qurtubiyya-1793 Huban-name ve Zenan-name by miniature painter Husein Fazil bin Tahir Enderuni-Birthing chairdar anahita-al-qurtubiyya-very late 18th style-maybe french artists-Muslim_Spring_Outfit

- Pour finir, la coiffe, est le plus souvent constituée de un ou plusieurs tissus enroulés autour de la tête (la manière de les poser semblent différer fortement d'un média à l'autre : peut-être y avait-il plusieurs modes ? par contraste avec la mode des coiffes coniques quasi "systématique" du 17e  ?), laissant apparaître ou couvrant, selon le goût de la femme, les multitudes de longues tresses de leurs cheveux.
J'avoue que j'ai BEAUCOUP de mal a comprendre comment elles montent ces voiles, avec des bouts qui pendent ?
www.levnihotel.net-levni_kadin_figuru12 anatoliahistory.com-Levni-miniature

Sur les médias représentant des femmes de haut-rangs (la mère de l'héritier du sultan notamment est souvent TRÈS surchargée), on retrouve souvent des perles, des plumes ... influence indienne ? ou plutôt européenne ? :/

www.turkishculture.org-Dancer by Levnidar anahita-al-qurtubiyya-very late 18th style-maybe french artists-Muslim_Summer_Outfit01.02.200824787_1Sultane reine - 1748 - Joseph Marie Vienflickr-lush bella-5229634075_f0bdb7ac19_b

Je suis incapable de me prononcer sur certaines coiffes (peut-être plus vers le côté grec ? aucune idée :/)

bjws.blogspot.com-Jean Etienne Liotard - Portrait of Maria Adelaide of France in Turkish-style Clothes [1753],

-Je ne me pencherai pas trop sur le sujet du maquillage/critères de beauté, je vais juste remettre sur le tapis quelques clichés totalement adapté à l'époque : Omniprésence du henné (mains, pieds) mais de manière soft pour la vie de tous les jours ! il s'agit juste du bout des doigts pour les mains.

flickr-lush bella-5229633903_884f0bec44_bJean-Étienne_Liotard_-_Turkish_Woman_with_a_Tambourine_-_WGA13067
theborgias.forumotion.com-levni_11 


Elles utilisaient également khol et "mascara" d'époque (à base de cire si j'ai bien compris) pour souligner et noircir leur regard (et leurs sourcils), et du rouge (cochenille?) pour leurs lèvres.

flickr-lush bella-5229634075_f0bdb7ac19_b

Plus les chevelures étaient longues (multi-tressées) et noires (henné noir ?), plus ça semblait rentrer dans les critères de beauté de l'époque. Elles appréciaient d'ajouter perles et rubans à leurs cheveux : descriptions dans des textes d'époque, mais peu (voire pas) observée dans les images que j'ai.
anatoliahistory.com-Levni-miniature

Quant aux chaussures, je n'ai pas de modele "18e" retrouvé non plus, il faut se contenter du peu qu'on voit dans les images : j'ai quelques de photos de chaussures "çipsip" du 19e dans mes livres et catalogues d'exposition, j'hésite à les poster ici pour ne pas trop fausser l'article (j'ai posté déjà trop d'infos "19e" sur cet article, je ne veux pas abuser....)

Les mules ouvertes ou fermées, pour les rares descriptions textuelles que j'ai, sont en cuir blanchi et, si possible, richement brodées ; parfois, le bout est resserré à l'avant, donnant un effet "pointu" ; mais globalement, les images que j'ai sont pauvres en détails sur cette partie du costume :(

Jean-Étienne_Liotard_-_Turkish_Woman_with_a_Tambourine_-_WGA13067 bjws.blogspot.com-Jean Etienne Liotard - Portrait of Maria Adelaide of France in Turkish-style Clothes [1753],www.turkishculture.org-Dancer by Levni

Il m'est arrivée d'en voir avec "talons" : si les illustrations de Levni sont fiables, j'ai tout de même un doute pour les autres :
turkishculture.org-concubine-by-levniIMG_20120319_235501IMG_20120319_235629

Il existe un autre modèle de ces chaussures, mais portées uniquement dans les hammams, par dessous ses propres mules.
flickr-lush bella-5230225546_fc3b60f3cf_btheborgias.forumotion.com-1793-Istanbul_Ladytitam.tumblr.com - Dame de Constantinople chaussée de socques de bain, à l’entrée d’un hammam, vers 1738-1742, par Jean-Etienne Liotard (1702-1789)Jean-Étienne_Liotard_007

Vu le nombre de représentations, je suppose qu'elles devaient servir ailleurs qu'au hammam ... non ? (car je pense que même avec les autorisations sultanesques, il n'était pas possible pour un homme d'entrer dans un hammam pour observer et peindre les femmes ...donc elles devaient les porter ailleurs :/ )

Et enfin, les bijoux, je me base également, faute de mieux pour le moment, sur les médias d'époque : comme vous avez pu le constater, des colliers de pièces (sont-ce des reproductions "allégée" ou bien des vrais pièces de la monnaie de l’époque ?), de longs colliers avec gros pendentif, des colliers de perles (ou chaînes ?) à "plusieurs niveaux" autour du cou, des bracelets fins et multiples, ou un peu plus larges  ...
Jean-Étienne_Liotard_-_Turkish_Woman_with_a_Tambourine_-_WGA13067 flickr-lush bella-5229634075_f0bdb7ac19_b

turkishculture.org-concubine-by-levni www.turkishculture.org-A woman adorning herself with roses and carnationsSultane reine - 1748 - Joseph Marie Vien

levni1www.levnihotel.net-levni_kadin_figuru12

dar anahita-al-qurtubiyya-very late 18th style-maybe french artists-Muslim_Winter_Outfit

Parfois, un simple ruban avec un petit pendentif, au ras du cou, mais, je me demande si ça n'est pas une influence occidentale ? j'en trouve surtout sur des tableaux correspondant à la Turquie côté "Grèce" ( à part la 1ere image suivante), ou des peintures/gravures réalisées par des occidentaux mais je peux me tromper ^^
theborgias.forumotion.com-Bulhari-seated titam.tumblr.com - Dame de Constantinople assise sur un divan, vers 1738-172, par Jean-Etienne Liotard (1702-1789)

Et comme déjà expliqué, je ne compte pas du tout me pencher sur la tenue/coiffe d'extérieur, mais je vous mets quand même une petite image où l'on voit le résultat pendant l'habillement, prouvant que la tenue d'intérieur est BIEN conservée sur soir pour être portée à l'extérieur, mais camouflée par dessus le feraçe (presque toujours la même tonalité de couleur, et toujours cette même coupe, dans toutes les images observées) :

A Europen woman with her Turkish servant

 

IV. Et chez les français alors ?


J'ouvre une mini-parenthèse presqu'hors sujet pour parler de l'influence réciproque des modes féminines ottomanes sur les modes féminines françaises :
robes "a la turque", "a la sultane", "à la circassienne" et "à la levantine" (ou lévites) sont des modèles librement inspirés par les tenues dont j'ai parlé.
De plus, "les turqueries" est un sujet vraiment très en vogue au 18e en France (pour mon plus grand bonheur!!), et il est de mode de se faire peindre le portrait en tenue orientaliste.
Il y a un chapitre court mais très instructif à ce sujet dans le livre "se vêtir au 18e siècle".
Voici quelques exemples de ces robes, empruntant les ouvertures frontales et coupe "simple", les superpositions de manches, les décorations et passementeries de cordons notamment sur les coutures, les galons à franges, les longues ceintures pour maintenir le gilet, l'emploi de la fourrure, les superpositions de couches de gilets ...



Et le visuel présenté par certaines polonaises et robes à zone, ça ne vous rappelle rien ? ;)
dar anahita-al-qurtubiyya-very late 18th style-Young_Sultane-SeniorIMG_20120319_235950

Et voilà !



J'insiste sur dernier un point : tout ce dont je viens de parler est caractéristique du costume ottoman porté par les femmes turques, surtout celles des zones urbaines, au 18e.
Le comportement semble différer dans les zones plus rurales de ce même pays, et même si l'influence ottomane est très forte, les pays frontaliers ont développé leur propre vision du costume, en piochant/s'inspirant dans (ou même en inspirant eux-même !) la mode ottomane : je pense surtout aux pays balkaniques frontaliers au 18e, et à d'autres pays, dont l'Egypte, au 19e.
Quant aux costumes féminins des pays sous domination Ottomane, après avoir lu des traités sur le sujet et analysé les visuels et l'évolution du costume en Alérie et Tunisie, ainsi que les rapports sociaux avec les Ottomans, il est clair que pour les pays plus éloignés, la mode Ottomane féminine semble avoir peu influencé : on reste simplement dans une dynamique de costumes méditerranées, ce qui peut justifier les fortes similitudes coïncidentes.
Je reviendrai dessus de manière plus détaillée dans un de mes prochains post, quand je vais aborder justement cet élément commun aux pays balkaniques, et maghrébins : le petit gilet court et échancré, la "frimla" (j'ai pour projet d'en realiser plusieurs pour mes costumes a venir).
Je compte également revenir sur ce type de sujet pour mon article sur l'influence méditerranéenne sur une des variations courantes du costume de danseuse tribale orientale (les pseudo "gilet ghawazee").

J'ai pris beaucoup de choses glanées sur le net, tout ce qui est ici est contrôlé :)  (car souvent, je vois des GROSSES erreurs de datation o_O )
Voici ma galerie flickr regroupant toutes ces images avec les sites d'où elles proviennent (j'y ai recensé le maximum de gravures de Levni faisant référence à des femmes : pour info, Levni était LE peintre/illustrateur officiel du palais au début du 18e : il avait pour mission d'immortaliser les scènes de vie et avait apparemment carte "assez" blanche de la part du sultan, d'où la liberté de pouvoir autant observer, peindre et représenter les femmes du harem du sultan : l'une des sources les plus fiables en matière de production d'images fidèles à l'époque jusque dans ses moindres détails) ;
Mon board pinterest avec une sélection extraite de flickr (plus sympa pour regarder de manière plus survolée) que j'ai commenté.

Il y a également quelques excellents site qu'il faut vraiment que je cite :
- Dar Anahita : Excellentes sources (je reconnais très clairement les livres d'où ils proviennent) et excellentes études/analyses : ce site, je le recommande chaudement :) Elle y parle des costumes ottomans des 16e au 19e siècle, mais également un peu des costumes maghrébins, et andalou médiéval.
- Oriental Costumes Their Designs and Colors : une énumération de costumes traditionnels orientaux de plusieurs pays, par régions, avec leur noms et parfois leurs origines, commentés de manière instructive ; les images sont très bien faites : elles permettent de deviner TRÈS facilement les coupes (c'est fait pour ça :D ). Il s'agit d'études de costumes traditionnels, mais pour le coup, plusieurs découpes que j'ai vu correspondent a 100% a de la descendance de costumes médiévaux ! c'est donc là dessus qu'on peut trouver le plus de pistes quand il nous manque des morceaux de puzzle :)
- Site recensant quantité de gravures de Van Mour :  dessinateur "assez fiable", il a réalisé, sur la demande de l'ambassadeur de France en Turquie, des gravures représentant un reflet réel des costumes de l'époque en Turquie : diffusées en France sous le nom de "Recueil de Cent Estampes représentant différentes Nations du Levant tirées sur les Tableaux Peints d'après Nature" en 1708, elles eurent un grand succès.
- Un autre site recensant bon nombre de gravures dessinées par un turc de l'epoque : je ne retrouve pas mes notes à ce sujet mais de mémoire, il s'agit d'images de costumes de la toute fin 18e ! ça reste "fiable" mais il ne faut pas perdre de vue que pour certains détails anecdotiques, il peut s'agir de costumes plus caractéristiques au 19e qu'au 18e.


Bibliographie

Il est temps de citer mes vraies sources, et vous conseiller mes lectures fort instructives et véritable régal pour les yeux !

Tout d'abord, les livres dont le thème est bien focalisé sur le costume féminin :

- "Women's costume of the near and middle East" par Jennifer Scarce
Pour moi, c'est un excellent point de commencement pour découvrir et analyser les costumes ottomans. J'avoue que mon seul "bémol" concernant les analyses de l'auteur concernent ses "bases" : elle donne trop souvent l'impression de se baser en trop grosse partie sur des observations et analyses de miniatures et autres médias d'époque :/ Mais comme je me doute bien qu'elle a "roulé sa bosse" dans les musées, j'essaye de ne pas trop y penser :p Je reste juste un chouya méfiante :p
Elle y donne quelques patrons relevés à partir de ses études sur des vrais costumes ottomans manipulés, en se focalisant surtout sur les 16e à 19e siècle, et elle traite un peu "globalement" et rapidement d'autres types de costumes (balkaniques, maghrébins, persans et également l'origine des turks ...) mais si on acheté le livre pour autre chose que le costume ottoman des 16e aux 19e siècles, on prend le risque de rester un peu sur sa faim :p


- "Women's Costume of the late ottoman era" Catalogue d'exposition du musée Sadberk Hanim
Ce livre est une véritable bible ! certes, on y voit que 3 costumes du 18e siècle, mais c'est les seuls survivants que j'ai trouvé en bonne qualité d'image ! avec des descriptions pertinentes (quoi que des dates moins approximatives auraient été clairement les bienvenues), des remarques très importantes et enrichissantes,  et les costumes du 19e présentés donnent également beaucoup d'indices ; de plus, c'est un véritable régal pour les yeux ! Totalement motivant pour se lancer dans de l'ottoman 19e au passage.
Il m'a un peu aidé dans le travail sur certains détails dans l'observation de certains costumes (emplacement de coutures, amplitude des triangles, longueur et arrondi du col, et surtout, travail sur le décolleté ... mais également des gros focus sur les détails d'ornementation ! introuvable ailleurs, et rarement traité sur internet ...)
J'ai cherché et attendu pendant des années qu'un tel catalogue d'exposition sorte ! sorti toute fin 2010, découvert début 2011, je me le suis faite finalement offrir pour mon anniversaire ! sublime cadeau <3 Il n'est pas donné (quoi que ... ça reste un prix correct vu mes autres catalogues d'exposition médiévaux lol), difficilement trouvable, mais vaut vraiment le coup :) Surtout qu'il est l'un des rares sur les costumes ottomans, le seul pour les costumes féminins :/

- "Algéroises, histoire d'un costume méditerranéen" par Leyla Belkaïd
Mon plus gros coup de coeur dans ma liste de livres
Mais que vient-il faire pourtant dans cette liste ? C'est pourtant simple : ce livre, bien extrêmement focalisé sur le costume algérois, le présente dans un contexte méditerranéen global (et aborde grandement les contextes social, politique, économique en plus !) : il m'a ainsi donné quelques indices, informations sur le costume turc assez intéressantes :D Leyla réalise plusieurs parallèles et parle de l'influence (ou d'absence d'influence) du costume ottoman sur le costume algérois.
Il est LE livre qui représente le mieux, niveau textuel, ce que j'attends d'un livre sur les costumes ! analyses poussées, tout le temps justifiées ..... un VRAI régal ! et tout en français en plus :)
Mon seul mini bémol : j'aurai adoré un peu plus d'illustrations, notamment d'avant 19e, mais il en contient déjà pas mal, intéressantes, et très illustrantes de ses propos :D

Ensuite, quelques livres donnant des indications sur la vie sociale des femmes, et très illustrés de médias d'époque, ce qui est très important pour l'analyse de leurs costumes :)
 


- "Ottoman women : Myth and Reality " par Asli Sancar


Extrêmement intéressant et enrichissant à lire pour faire tomber énormément de clichés sur les femmes dans les harems ;) Mais surtout : très joli livre à la présentation agréablement soignée, illustré d'une foule de peintures, miniatures, et photos d'objets, tissus etc ottomans !
Je l'ai surtout acheté pour ses illustrations sourcées, mais pour tout le reste, il est excellent aussi :)





- "Harem, l'orient amoureux" par Carla Coco
Mon TOUT premier livre dédié à la reconstitution historique, je tâtonnais beaucoup à l'époque, et bien qu'orientée médiéval déjà, j'ai pris un plaisir à le dévorer (il rejoint le livre "Ottoman women myth and reality" mais en français : il décrit la femme dans le harem, de manière historique en faisant tomber des préjugés également) : beaucoup d'illustrations (dont quelques gravures et miniatures 16e et 17e!), et pour une fois que je tombe sur un livre bien illustré et qui traite du sujet en français ... :)

Quelques autres livres mais là consacré uniquement à des médias d'époque (peintures, gravures ...) :





- "Levni and the Surname"
En fait, je triche ! je ne l'ai pas ! ça m'aurait pourtant rendu terriblement service de l'avoir, et pour un prochain costume début 18e ottoman, je me le commande, promis juré craché ! Là, j'ai résisté car j'ai trouvé sur le net une très belle quantité de ses miniatures de 1720 : la qualité est clairement moindre qu'en livre, par contre, elle était suffisante pour ce que j'en faisais :) 
(et pis, bon, il faut dire ce qui est : il n'est franchement pas donné :s )
Pour info : Levni était LE peintre (miniatures) officiel du palais, reproduisant avec fidélité les scènes de vie qui y régnait, importantes ou anodines, ayant été autorisé par le sultan a pas mal d'accès, dont le harem : c'est grâce a lui qu'on a autant de précisions et de détails sur les costumes ottomans féminins du début 18e (autrement dit : il est 42 fois plus fiable de se fier à ses réalisations qu'à celles de peintres rêveurs européens venus chercher l'inspiration dans leur vision de l'orient, façon "mille et une nuits" ;) )

- "L'univers des orientalistes"
Le 2e "beau livre" que je me suis offert dans ma vie, quand j'étais encore étudiante, il y a bien 6 ans : juste pour le plaisir de le feuilleter, m'en prendre plein les yeux avec les costumes et les femmes d'antan en Orient ....miam miam !
Quelques peintures 18e fortes utiles a  analyser pour en récupérer des informations à exploiter sur mon costume, même si l'on doit toujours garder à l'esprit que dans les mises en scène, et parfois certains détails (critères morphologiques/De beauté), les peintres ont peint avec une mentalité "occidentale" qui ne correspond pas a la réalité des choses sur place. En gros, pour exploiter ce genre de peintures, il faut les recouper avec les peintures d'autres peintres, et surtout, des sources plus fiables ! mais dans ce cas, ça permet de relever des détails qu'on voit mal ailleurs ;)


Quelques livres sur les techniques de broderie de l'époque également :


- "Ottoman embroideries" par le Victoria & Albert Museum

 

Peu exploités sur ce sujet (les broderies de mon costume en cours + les broderies de mon prochain costume ottoman ne correspondent pas aux types utilisés dans ces livres qui traitent pourtant de quelques broderies des 18 et 19e siècles) mais intéressant et visuellement sympathiques :)
je leur trouverai une utilité plus tard :D




-"Beginner's guide to Ottoman Embroidery"






Bon j'avoue, je suis tombée sur ce livre en cherchant les deux autres, et même si je me doutais qu'il m'apporterait pas grand chose, au vu du prix, j'ai craqué et l'ai acheté ><







- "Se vêtir au XVIIIe siècle" par Madeleine Delpierre



 Un ptit livre que j'ai beaucoup apprécié sur la mode française au 18e siècle, et qui consacre un court chapitre à l'orientalisme dans la mode française de ce siècle ! Très instructif bien que trop court à mon goût :)








Enfin, quelques livres qu'il faut VRAIMENT (mais alors VRAIMENT!) que je me procure, mais que pour le moment, je peux pas ... :(Trop d'achats en livres sur les turqueries cette année, et je vise en ce moment les livres de costumes maghrébins : je peux pas tout avoir, mais c'est vraiment au dessus de la pile :


- "The industrial heritage of costume design in turkey"
La lecture de la table matière et la petite preview que j'ai réussi a voir me font piaffer d'impatience !
Il me le faut dans ma ptite bibliothèque sur le sujet :p


-La collection complète des livres traitant des peintres orientalistes (je n'en mets ici que quelques exemples) pour avoir un échantillon le plus exhaustif possible des peintures d'orient du 18e et 19e siècle :




PS : Comme vous pouvez le constater, je ne me suis pas contentée de piocher des informations sur Internet, ni de juste pomper des images :) Je précise au cas où je me retrouverai face a des sceptiques : car l'analyse de peintures orientalistes ne peux clairement pas suffire ;)